Abbaye/mars 2016

Préface

L’abbaye, son aile Vendôme, sont comme un balcon sur la Loire. Le fleuve est en forme en cette saison ; il est large, puissant, gonflé. Il file, il tourbillonne, il décape les rives, ça sent le printemps, le renouveau, la vie. Vous voyez sans doute où nous voulons en venir : dans les trois classes de l’école Henri Matisse de Montreuil, aussi, c’est le printemps, ça bouge, ça cherche, ça propose, ça rime, ça remue des idées, ça joue avec les mots, ça aligne des phrases...
C’est toujours la même histoire que nous racontent les enfants, avec des bons et des méchants, des voleurs et des volés, des chagrins et des joies. Mais c’est toujours aussi une nouvelle histoire, avec ses surprises, ses inventions, ses trouvailles. Comme le printemps, en somme.
Merci aux petits écrivains pour leur entrain. Merci aux enseignants pour leur cordialité. Merci à l’équipe d’OVAL pour son accueil.

Alain Bellet
Gérard Streiff

Classe de CM2

COLONIE EN FOLIE

Chapitre un
La triste disparition

« Mais où est la maîtresse ? » se demandèrent Leïla et Mathieu. Ces deux élèves de CM2 se trouvaient en classe verte à l’abbaye de St Maur, en bord de Loire. Ils se demandaient ce qui se cachait derrière l’absence de leur maîtresse, Mlle Chapelier.

Leïla était une jeune fille de dix ans, aux yeux vert émeraude éclatant, aux cheveux roux foncés ; elle était timide mais très intelligente. Elle avait un odorat très développé. Mathieu était un blond aux yeux noir intense. Il était rêveur et drôle. C’était le meilleur ami de Leïla.

Toute la classe attendit, cinq minutes, dix minutes, trente minutes. Que faisait la maîtresse en ce moment ? pourquoi n’était-elle pas en classe ? Autant de questions sans réponses.
Certains élèves en profitèrent pour aller jouer dehors.
Il y avait des filles qui ne se disaient pas du tout inquiètes ; pas de prof, ça voulait dire pas de travail ; en gros, on pourrait rester dans les chambres. Un certain Lucas, dit même : « Chouette ! Faisons la fête ! »
Mais ses amis lui déclarèrent : « Arrête, Lucas ! On sait que tu détestes l’école ainsi que les professeurs. Mais imagine un peu, si ça t’arrivait à toi ? si tu disparaissais et qu’au lieu de te chercher, on fêtait ta disparition ! »

PLACE POUR ILLUSTRATION N°1

Leïla et Mathieu, eux, allèrent voir la directrice, Mme Dereval, qui était choquée elle aussi par cette absence.
Les adultes avaient l’air de ne rien comprendre à cette disparition. Ils cherchèrent longtemps dans l’abbaye. Rien dans les placards, rien dans les dortoirs, rien dans la cuisine, rien dans la cantine, rien dans le verger, rien dans les greniers. La police avait sécurisé les lieux. Mais des inspecteurs, venus tout exprès au monastère, n’avaient rien trouvé. Pas de traces, pas d’indices, rien.
Leïla et Mathieu s’interrogèrent. Ils échangèrent un regard puis chuchotèrent en essayant de changer de sujet mais le garçon était trop curieux de savoir la suite de cette histoire palpitante.
 Tu crois qu’elle a été enlevée ? demanda le garçon.
 Sûrement mais ce serait horrible, s’exclama la fille.
 A ton avis, qui l’a enlevée ?
 Chut, le coupa-t-elle, pour le savoir, il faudra enquêter nous mêmes.
 A toi de choisir, dit Mathieu.
Ils réfléchirent un petit moment puis :
 En avant pour une nouvelle aventure ! dirent-ils en chœur.

Ils décidèrent donc, sur le champ, de mener eux-mêmes l’enquête. Pour eux, ce n’était pas un jeu mais un objectif.
Pour commencer, ils allèrent dans la chambre de la maîtresse et y trouvèrent son téléphone. Ils examinèrent l’appareil, regardèrent ses appels, virent que le dernier appel avait été adressé à la directrice. Cette dernière menaçait la maîtresse de la licencier pour des histoires d’argent. Les enfants savaient que la directrice était détestée de tous les élèves et beaucoup de parents s’étaient plaint d’elle.
La maîtresse, tout au contraire, était gentille, douce, travailleuse, maternelle…

Mathieu et Leila posèrent des questions. On disait que la maîtresse avait eu un rendez-vous dont elle n’était pas revenue. Puis ils apprirent que la dernière fois qu’on l’avait vue, ce matin, c’était à la Bibliothèque. Elle y corrigeait des copies. Ils s’y rendirent, la porte était fermée à clé. La clé était sous le paillasson. Ils entrèrent. Toutes les copies étaient par terre.
Au même instant, ils aperçurent, par la porte, deux ombres qui filaient, encombrées d’un gros sac noir. La porte se referma. Ils revirent ensuite par la fenêtre deux personnes qui couraient mais c’était deux animateurs avec du matériel de sport. Fausse piste ?

PLACE EMPLACEMENT N°2

On disait aussi qu’on avait vu la maîtresse avec son chouchou, un certain Laurent Dupont, petite taille, chauve et intelligent. Ce Laurent tenait, paraît-il, un couteau plein de sang à la main. Vrai ? Faux ?
Selon un autre élève, à qui la maîtresse se serait confiée, Mlle Chapelier avait des problèmes avec un homme, habillé tout en noir, mais elle n’en avait pas dit plus.
Là encore, vraie ou fausse piste ?

Chapitre deux
D’ombres en ombres

Il y avait trop de pistes ; laquelle choisir ? Ils commencèrent par le chouchou chauve, Laurent Dupont. Ils remarquèrent vite, dans la poubelle qui se trouvait tout près de lui, un grand morceau de pizza. En fait le couteau que tenait le chouchou était plein de sauce tomate. Ça ne pouvait donc pas être lui le coupable.
Mathieu qui tenait une liste de suspects, barra le nom du chouchou.
Sur sa liste, il restait :
 les deux ombres
 l’homme en noir
 le mystérieux rendez-vous.
 la directrice.

Ils se rendirent ensuite vers la chambre de la directrice. Derrière la porte, ils entendirent Mme Dereval qui téléphonait à un de ses amis, un certain M. Griffon :
 C’est ma faute, je sais, j’aurais du mieux surveiller mon établissement et mes professeurs. Je suis très inquiète pour Mlle Chapelier.
Nos petits enquêteurs se dirent que la directrice ne pouvait pas être coupable. Une fois de plus, Mathieu retira un nom de sa liste. Il restait :
 les deux ombres
 l’homme en noir
 le mystérieux rendez-vous.

Un peu plus tard, les enfants apprirent que la maîtresse avait un rendez-vous avec son banquier. Des histoires d’argent. Apparemment, elle ne s’était pas rendue à la banque. Voilà résolue l’énigme du « mystérieux rendez-vous ». A retirer lui aussi de la liste des suspects.

Restaient :
 les deux ombres et
 l’homme en noir.

PLACE EMPLACEMENT N°3

Justement, les deux ombres venaient de réapparaître, près des chambres. Leur gros sac était dans le couloir. Les deux enfants, trop curieux, et n’ayant pas peur du danger, regardèrent à l’intérieur. C’était du matériel de sport. Mais Leïla fit remarquer que c’était trop facile : trouver un sac, presque par hasard. Il décidèrent donc de fouiller aussi la chambre des deux personnages. Comme ceux-ci étaient sur le balcon, ils entrèrent, entendirent un drôle de bruit, sous le lit. Il y avait là une cage, avec un petit singe, et puis du matériel de magie. Ils comprenaient : les deux hommes participaient à un spectacle de cirque donné à l’abbaye. A leur tour, ces deux ombres furent retirées de la liste des suspects.

Il ne restait plus que l’homme en noir. Les animateurs Maxime puis Augustin leur dirent qu’il y avait un homme en noir qui montait en ce moment au verger. Mathieu dit aussitôt à Leïla de l’attendre et suivit l’homme. Celui-ci se dirigea vers une cabane au fond du jardin, posa sa veste, mit ses habits de travail ; c’était le jardinier. Fausse piste, sans doute. Le garçon voulut retrouver son amie et lui téléphona : « Bonjour, ici Leïla, , je ne suis pas disponible pour le moment, laissez moi un message et je vous rappelle dès que possible ».

Mathieu s’énerva, il était sur le point de tout abandonner quand il retrouva son amie
dans la cour de l’abbaye. Elle venait de voir un chien, une femelle terre-neuve, qui s’appelait Lascaux. Le chien l’avait suivie, ils étaient devenus amis. L’animal avait un magnifique pelage noir et des yeux couleur noisette.
Mathieu dit que l’homme en noir était en fait le jardinier et n’avait rien de bien suspect. Alors qui ?

Ils allèrent tous les trois se poser quelques instants à la bibliothèque. Mais la porte était fermée. Les jeunes gens s’assirent contre le mur du couloir, en face de la bibliothèque, avec le chien. Ils se regardèrent pendant un long moment puis Mathieu s’exclama :
 Là, regarde, Leïla, il y a des traces de boue, peut être que c’est une nouvelle piste ?
 Pff, autant arrêter, on n’arrivera jamais à rien, se lamenta le garçon.
 Non, on ne va quand même pas laisser notre maîtresse toute seule, avec ces adultes qui ne savent pas enquêter !
 Oui t’as sans doute raison, continuons.

A ce moment là arriva Gabriella, qui travaillait à l’abbaye ; elle portait un chignon strict, on la disait médisante et jalouse. Elle passa devant le trio sans le voir. Aussitôt Lascaux se mit à grogner. Gabriella avait des clés, ouvrit la bibliothèque, entra.
 Suivons la, vite, vite, vite, dit le garçon.
Ils entrèrent tous les trois, sur la pointe des pieds et des pattes.
 Où est-ce qu’elle est passée, elle était là il y a une minute, elle a disparu, dit Leïla.

Ce qu’ils n’avaient pas vu, c’est que Gabriella avait tiré un des livres de la bibliothèque et une porte secrète s’était ouverte.
Lascaux repéra tout de suite le passage secret, en aboyant devant la porte qui n’était pas complètement fermée.
 Un petit détail peut cacher un grand secret, dit Mathieu.
 Qui ne tente rien n’a rien, ajouta son amie.
Le passage menait à des escaliers ! Intrigués par ce phénomène, les enfants et Lascaux descendirent les marches. Il faisait noir, on entendait des bruits bizarres. Leïla venait de trouver une lampe torche ; aussitôt ils virent au sol un objet brillant : une pièce d’or.

Chapitre trois
Enquêteur un jour, enquêteur toujours

Qui dit pièce d’or dit trésor, pensèrent les enfants.
« On a peut-être enfin une vraie piste, dit Leïla, en s’agitant. J’ai hâte de savoir qui est le coupable et de retrouver la maîtresse !
 Oui, cet endroit peut nous mener à Mlle Chapelier, j’en suis sûr, ajouta le garçon.
 Je commence à croire, réagit la fille, que tu deviens plus intelligent que moi.
Tous les deux éclatèrent de rire.

Le garçon partit en premier et demanda à Leïla de surveiller le passage secret. Mais très vite, il se fit attraper par Gabriella. Elle lui bloquait le passage. Il se mit à hurler. Leïla l’entendit, courut vers la cave et vint à son secours avec Lascaux. Gabriella n’était plus là.

Le trio continua d’avancer dans le passage secret. Soudain le couloir se divisa en trois galeries. Laquelle choisir ? Au sol se trouvait un bout de tissu, c’était un morceau du tablier de Gabriela. Mathieu prit l’étoffe, la fit sentir à Lascaux. « Cherche, Lascaux, cherche ! »
Le chien prit une des galeries.
De nouveau un cri, Leïla s’inquiéta mais c’était Mathieu qui criait. Il venait de tomber dans un trou.
 Aide moi à remonter, dit-il à son amie, il faut faire attention, il y a plein de pièges ici.

Ils s’avançèrent encore un peu, Lascaux grognait.
 Tais toi, lui dit Leïla.
 Non, laisse-le, il a raison, il a du sentir quelque chose d’intéressant, c’est bien.
L’animal cherchait. Ils évitèrent deux ou trois pièges et se retrouvèrent devant une grande porte en bois abimée.
 D’après toi, la maîtresse se situe derrière cette porte ? demanda Mathieu.
 Allez, enquêteur un jour, enquêteur toujours ! s’exclama la fille.
Ils se prirent la main et enfoncèrent la porte. Et c’est là qu’ils découvrirent… une salle. Au milieu, se tenait Gabriella, une matraque à la main.
 Sales petits voyous, mêlez vous de vos affaires ! cria la dame.

PLACE POUR ILLUSTRATION N°4

Au fond de la salle se trouvait une grille derrière laquelle la maîtresse était prisonnière. L’animal continuait de chercher et revint bientôt vers les enfants, avec une petite clé dans la gueule.
 La clé, on a la clé ! dit Leïla.
 Super, réagit le garçon.

A cet instant Gabriella leva sa matraque, criant :
 Ne me touchez pas, fouineurs.
Lascaux bondit alors sur la femme, la mordit à la cuisse. La dame tomba par terre, sur la tête, et s’évanouit.
Les enfants ouvrirent la grille.
La maîtresse était sur le point d’étouffer, Mathieu et Leïla étaient arrivés au bon moment. Mlle Chapelier leur sauta dans les bras.
 Merci , les enfants !
Et elle leur raconta tout.
Elle s’était fait voler tout son argent, c’est pour cela qu’elle avait toujours des problèmes financiers. Un jour qu’elle était dans la bibliothèque, elle s’appuya sur un livre, qui déclencha l’ouverture. Elle tomba à la renverse dans le souterrain où elle retrouva son argent et… Gabriella, la voleuse, qui l’assomma.

 Appelle la police, Mathieu, demanda Leïla.
Le garçon sortit son portable en un clin d’œil et tapa le 18 sur le clavier.
 Allo, oui, ici l’abbaye de St Maur ! Venez vite !

Ensuite tout le monde revint à l’abbaye. La police arrêta Gabriella et félicita Leïla et Mathieu. Les deux enquêteurs furent félicités par la direction du monastère. On leur remit des trophées, dont une étoile en or, et une fête fut organisée en leur honneur.

FIN



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