Après le 12 avril

Décider ensemble des suites à donner

La marche contre l’austérité du 12 avril dernier a fait événement. Quel regard le collectif de préparation porte sur cette initiative ? Et est-ce que des suites sont à l’ordre du jour ? Entretien avec Jacques Chabalier, membre de la direction du PCF.

Après la marche du 12 avril, quelle est l’appréciation du collectif qui est à l’origine de cette initiative ?

Par son ampleur, par son contenu, par son mode de préparation, cette marche a été remarquée ; elle a été percue comme un événement dans le paysage politique difficile qui a suivi les municipales ; elle a montré un sursaut à gauche possible ; elle a été une étape intéressante dans la construction d’un rassemblement pour une alternative aux politiques d’austérité. Telle est l’appréciation de l’ensemble de ceux qui ont été partie prenante de cette manifestation. On est arrivé, dans le respect de tous et de chacun, à une marche qui a permis à des militants associatifs, politiques, à des syndicalistes, à des personnalités de défiler ensemble. Cette diversité a été appréciée comme a été appréciée la présence de quelques responsables socialistes ou issus d’Europe Ecologie Les Verts. Evidemment nous voulons continuer, poursuivre en ce sens et élargir encore. Si l’initiative a été une réussite, cela tient à la démarche qu’on avait impulsée : partir de l’appel de personnalités, et pas simplement d’organisations. C’est ce qui a permis cette ouverture, cet élargissement. Je crois que de l’avis de tout le monde, on peut insister sur deux points. D’abord le contexte dans lequel est intervenue cette manifestation : une dizaine de jours après les élections municipales, l’abstention, la poussée de la droite et de l’extrême droite, les « réponses » de François Hollande avec la nomination de Valls, les premières décisions prises, etc. On pouvait craindre que ce contexte difficile pèse sur la mobilisation ; cela n’a pas été le cas, il faut le mesurer. Il n’était pas anodin de réunir plusieurs dizaines de milliers de personnes dans les rues de Paris à cette occasion. De plus cette manifestation intervenait aussi dans une période, difficile, de débats à l’intérieur du Front de gauche. Au lendemain du meeting de lancement de la campagne pour les élections européennes avec Alexis Tsipras à St Denis, Tsipras lui-même participant ensuite à la marche, cela a permis de montrer que le Front de gauche était rassemblé, prêt à partir à la bataille des européennes.

Et le deuxième point sur lequel tu voulais insister ?

C’est le caractère unitaire, original de la préparation de cette marche. Je crois qu’on a travaillé, les uns les autres, personnalités, organisations, syndicats, partis politiques de telle manière que chacun s’est senti respecté, ce qui a permis de tisser des liens avec le réseau associatif, syndical, avec des personnalités, dans un débat entre nous mais aussi à l’intérieur de chacune des organisations : comment on pouvait au mieux articuler la présence des politiques, des syndicalistes, ce rapport entre mouvement social et politique qui a permis à chacun de réfléchir et de progresser ensemble. Donc un bilan très positif.

Quelles suites sont envisagées ?

Notre souhait, c’est que ce cadre unitaire puisse se poursuivre. Nous abordons - quand je dis nous, je parle au nom du PCF – la question des suites dans le même état d’esprit, chercher ce qui peut le plus largement rassembler à gauche pour combattre l’austérité. Je crois que cela passe par des initiatives très diverses, au plus près des salariés, des citoyens, des initatives nationales ou locales ; cela suppose aussi que l’on s’inscrive dans la durée. Ce rassemblement doit avoir sa propre dynamique. Le 12 avril, nous n’avons pas voulu faire un coup médiatique, nous ne voulons pas plus faire de « coups » lors des suites. Il faut vraiment une dynamique qui permette d’élaborer, au plus près des gens, de construire avec eux, les moments, les rassemblements et les initiatives les plus appropriées. Une chose a été actée, c’est débattre des suites à donner avec les personnalités parties prenantes, les 200 signataires. Cette réunion, pour ce qui nous concerne, nous pensons qu’elle pourrait intervenir au mois de juin, afin qu’elle n’interfère pas avec le calendrier politique des européennes ; et qu’elle n’interfère pas non plus avec le calendrier syndical, puisqu’il y a des mobilisations prévues, le 1er mai bien sûr, le 15 mai avec la journée d’action dans la fonction publique, le 5 juin avec la journée d’action sur les retraites. Nous allons donc proposer que cette réunion se tienne au mois de juin, réunion donc des personnalités décidant des suites à donner, lesquelles, je le répète, doivent à la fois s’inscrire dans la durée et être porteuses d’alternative.

Propos recueillis par Gérard Streiff



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